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Pourquoi les femmes n’ont pas d’orgasme ?

Article rédigé par Katrina Boss dans Collective Evolution et traduit par Emmanuelle Roggeri

Saviez-vous que seulement 25 % des femmes atteignent l’orgasme lors des relations sexuelles ?

Dans son livre le Cas de l’Orgasme Féminin, la biologiste et philosophe des sciences, Elisabeth Lloyd se base sur une synthèse portant sur 33 études menées ces 80 dernières années pour aboutir au constat que seulement 50 % de femmes vivent parfois des orgasmes, 20 % rarement, et 5 % ne connaissent jamais d’orgasme. Comment est-ce possible ?

En participant à des ateliers tantra et de sexualité consciente partout dans le monde, je constate toujours qu’un nombre de femmes ne peuvent pas ressentir de plaisir parce que leur clitoris et leur vagin sont complètement engourdis et parmi elles, à chacun des séminaires, au moins une femme n’a jamais vécu un orgasme même après des décennies de rapports sexuels.
Un nombre important de femmes avec lesquels j’ai travaillé ont perdu leur désir sexuel, ont été maltraitées, sont devenues craintives, ou pensent que quelque chose ne tourne pas rond chez elles parce qu’elles ne ressentent pas le plaisir évoqué par les autres femmes.

Plusieurs raisons expliqueraient cet état de fait.

1 – Les vagins ne sont pas les cylindres des pénis

Dans l’acte sexuel à visée procréative, le pénis « pompe » le vagin en vue de l’excitation dans le but de concentrer toute l’énergie orgasmique, faire jaillir le sperme à travers un tunnel dans l’espoir d’en imprégner l’ovule. Cela équivaut à jouer avec une voiture-jouet mécanique que l’on remonterait et que l’on laisserait partir. C’est super amusant !
Dans ce cas, le vagin s’avère être le « réceptacle» du pénis qui lui permettra d’atteindre l’excitation et canaliser le sperme dans la bonne direction. Mais au-delà de cet acte procréateur, le vagin (appelé yoni) recèle des capacités bien supérieures. C’est un organe qui comporte des plis, sources de délices immenses, des muscles et qui est prêt à s’emplir d’un plaisir entier quand il est heureux et excité.
Dans le modèle procréateur, la yoni doit être serrée à l’instar du combattant qui serre ses muscles abdominaux pour prendre un coup de poing. Plus la yoni est serrée (et plus le pénis devient dur), moins sensible elle devient.

Au fur et à mesure des années, en n’expérimentant qu’une sexualité à visée procréative, la yoni se désensibilise naturellement comme une armure puisqu’elle a toujours dû être serrée pour accueillir les allers et venus – « e pilonnage » – du pénis. Mais si on lui donne l’occasion d’être détendue et d’avoir un rapport « connecté », ses parois deviennent vivantes.
Quand le pénis pénètre la yoni sans constamment « se déconnecter », elle peut se détendre et ressentir complètement et vraiment ce qui se passe en elle. Selon le plaisir qu’elle ressent, les parois peuvent commencer à osciller comme des vagues littéralement ondoyantes de plaisirs, le long du pénis. Ce mouvement donne l’impression que le vagin « trait » le pénis et devient une source incroyable de plaisirs pour les deux partenaires.
A chaque vague de plaisirs ressentie par la yoni, les terminaisons nerveuses délicates qu’elle recèle dans ses parois envoient des vagues de plaisir à travers tout le corps. Elle sentira ce flux orgasmique du bout des orteils au sommet de la tête.

2 – Le cœur de la femme doit être ouvert

Nous sommes des êtres pourvus de magnétisme. Dans grand nombre d’enseignements tantriques, on dit que le pôle positif d’une femme est son cœur et que sa yoni représente le pôle négatif. Le pôle positif « donne » et le pôle négatif « reçoit » à l’opposé des hommes, ce qui rend possible la circulation d’énergie au moment de l’accouplement.
Si vous voulez que le pôle négatif soit activé, vous devez stimuler le pôle positif. En stimulant le pôle négatif d’une femme par une stimulation clitoridienne agressive, aussi agréable que cela puisse être, on force la yoni à se raidir et à devenir un pôle positif.
La tension ayant pris place en elle, semblable à celle du pénis, la femme cherchera à se « décharger ». Bien qu’agréable, ce type de rapport se limite à une « sexualité de friction » et n’aboutit jamais à un flux orgasmique dans tout le corps. La stimulation du pôle positif est obtenue grâce à la caresse des seins d’une façon douce et agréable pour la partenaire. Cette voie n’est pas acquise d’office. Beaucoup de poitrines de femmes et de mamelons ont été désensibilisés avec l’allaitement et par des manipulations brutales. Beaucoup de femmes avouent ne pas ressentir de plaisirs quand leur poitrine est caressée. Mais grâce à des contacts doux, conscients et soignés, cette merveilleuse sensibilité peut revenir.
Mais la façon la plus puissante de stimuler leur pôle positif est l’AMOUR.
Le pôle positif sera pleinement stimulé lors d’un rapport où s’établissent une connexion pleine et un amour sincère. Son cœur s’emplira si vous démontrez votre amour à travers des gestes gentils, tendres, en connexion avec elle et en l’aimant totalement. Quand une femme se sent aimée, sa yoni s’ouvre naturellement et elle sera dans une fusion totale avec vous. Mais si l’amour est soumis à condition, elle se protégera et demeurera fermée.

3 – Réparer le sentiment d’avoir été utilisée

Le professeur tantra, Barry Long, avait coutume de dire que « les Femmes sont fatiguées d’être utilisées comme le crachoir sexuel des hommes ».
Cette affirmation semble brutale mais tellement vraie historiquement. Pendant des millénaires, les femmes étaient investies de fonctions domestiques et matrimoniales et n’étaient pas censés se refuser sexuellement. Elles devenaient des épouses. C’était leur destinée.
C’est seulement à partir de la révolution sexuelle des années 60 qu’a émergé la possibilité pour les femmes de prendre du plaisir et avoir des orgasmes. Pendant des siècles, il semblait impensable que le plaisir leur soit donné (encore moins qu’il puisse être nécessaire) et qu’il devienne objet d’intérêt.
Ce fond historique constitue la fondation des relations hétérosexuelles d’aujourd’hui. Les fantômes de cette histoire vivent toujours en nous sous forme de peurs, de trauma et de croyances que nous projetons sur la sexualité et l’engagement amoureux.
Aujourd’hui, nous savons ce que « faire l’amour » signifie vraiment.
Le sexe sans éjaculation fait l’objet d’un enseignement propre au tantra. L’idée n’est pas de bannir l’éjaculation en tant que telle mais d’aller au-delà du modèle procréateur, de « créer la connexion » en faisant l’amour simplement. L’acte sexuel dans une visée éjaculatoire se limite au périmètre de la procréation alors que l’expérience tantrique va au-delà.
Au sein de nombre de couples avec lesquels j’ai travaillé, les femmes désirent vivre une sexualité dépourvue d’éjaculation. Elles n’ont plus d’appétence pour le sexe. Elles ont le sentiment d’avoir « subi » une sexualité qui ne leur convenait pas. Leur corps s’est « fermé ». En revanche, sentir l’affection de leur compagnon, la douceur du contact pour le simple plaisir de l’intimité, se sentir aimées. Oui, de tout cela, elles sont en demande.

Les choses changent !
Nous sommes en quête d’une sexualité plus profonde que celle des générations précédentes. Nous découvrons que notre corps recèle des trésors qui vont au-delà de notre instinct animal et de notre capacité à procréer. Nous apprenons à jouer avec notre part divine et infinie. Nous prenons conscience des dimensions spirituelles que notre corps peut atteindre à l’intérieur comme à l’extérieur.
Avant, nous n’avions pour ambition que de connaître – au moins une fois dans notre vie – un orgasme vaginal qui à nos yeux, constituait le nec plus ultra (ce qui est effectivement le cas dans une sexualité à visée procréative).
Aujourd’hui, nous sommes appelées à devenir totalement orgasmique. Ceci est notre vraie nature.