L’importance du toucher et des câlins dans le couple

Il n’y a pas que la sexualité dans un couple pour rapprocher les corps : la sensualité en est une condition essentielle.  

Le toucher et les câlins dans le couple, source d’attachement

Le toucher est l’un de nos cinq sens et il est associé à l’un des organes les plus importants du corps : la peau.

Pour citer D. ANZIEU, professeur émérite de psychologie et son concept majeur du “Moi-peau” (1994) : “La peau est la source, le lieu et le modèle du plaisir”.  

Pourtant, le toucher n’est pas un sens privilégié dans notre société occidentale, bien moins que dans certaines autres cultures en tout cas. Dans la hiérarchie des sens, il a été traditionnellement considéré comme inférieur, relégué à un besoin plutôt animal, primaire.  

Par ailleurs, il y a toujours eu des interdits du toucher, véhiculé par les conceptions religieuses, hygiénistes, au fil des époques.  

C’est finalement le premier sens que l’on brime chez un enfant, parce qu’il ne faut pas qu’il se fasse mal, qu’il se brûle, qu’il abime des objets etc., au point de lui dire, alors qu’il explore son environnement, de « toucher avec les yeux ». Des interdits au départ liés au danger mais aussi au sacré ou aux tabous.  

Dans la puériculture du 19ème siècle, la règle était de ne pas trop toucher les enfants, en fixant des tétés à heure fixe, notamment et en ne prenant pas les bébés dans les bras entre chaque.  

Puis, petit à petit les travaux et études qui se sont développés durant le 20ème siècle ont montré l’importance du corps et du toucher dans le développement de l’enfant. 

Des recherches ont montré combien l’être humain, comme beaucoup d’animaux, naît avec un besoin affectif essentiel : l’attachement (travaux de J. BOWLBY, de H.F. HARLOW, 1980). Un bébé qui n’est pas touché va développer différentes pathologies, même des besoins vitaux comme l’instinct alimentaire se mettent en veilleuse au point de menacer la survie (travaux de R. SPITZ, D.W. WINNICOTT).  

L’individu a besoin de se sentir accepté par les autres. Il se qualifie en fonction de ce qu’il observe de lui et de ce qu’il fait. Pour le toucher, c’est également le cas. Si l’on observe que l’on est touché, que les autres cherchent à nous toucher, cela va renforcer son image de soi et la valeur que l’on s’attribue. 

Le toucher pour être au maximum de son efficacité doit être soutenu par le regard d’un autre que soi, ce qui implique une présence.  

Avec ses nouvelles données, notre société actuelle tend de plus en plus réhabiliter le toucher affectif et à revaloriser le rôle des contacts physiques dans le bien-être affectif, physique et psychique de chacun. On le constate dès la salle de naissance avec les moments de peau à peau du nourrisson avec son parent largement proposés par les sages-femmes à la maternité. 

Ce besoin d’une présence tendre, socle indispensable à l’édification de soi et à l’expression des désirs, l’adulte en garde la trace. Mais parfois, il l’oublie. Elle est pourtant l’un des piliers de l’amour. Et l’un des secrets de la longévité du couple.  

La peau, point de départ d’une neurochimie du bien-être 

L’ocytocine a été baptisée “hormone de l’attachement” ou “hormone de l’amour” parce qu’une caresse, un baiser ou tout autre contact affectif augmente la sécrétion d’ocytocine dans le cerveau.  

Les personnes qui reçoivent plus souvent des étreintes ou des “hugs”1et les couples qui se touchent plus souvent de manière affectueuse rapportent des niveaux d’ocytocine plus élevés2.

Or l’ocytocine présente des effets bénéfiques capitaux : elle réduit l’anxiété et la réaction au stress, elle facilite le lien social en développant la confiance et l’empathie, qui sont évidemment des pré-requis essentiel à la relation duelle de couple. 

La nécessité de la permanence du toucher dans le couple 

Les relations de couple gagnent en qualité lorsque les deux partenaires se témoignent régulièrement de l’affection à travers les gestes tendres et toucher : ils font état d’un meilleur bien-être psychologique, de niveaux de stress et de dépression plus bas et se déclarent plus satisfaits de leur relation et de leur vie sexuelle3.

Au début d’une relation les corps sont beaucoup en peau à peau, les amants se découvrent par les sens, se touchent sans cesse. Le toucher permet d’accéder à l’inconnu de l’autre, on ne se quitte pas, “joue contre joue”, “main dans la main”.  

Puis, au fur et à mesure du quotidien se produit un éloignement des corps qui devient la norme du couple. On prend de la distance physiquement sans même s’en rendre compte. On ne prend presque plus le temps d’une étreinte pour se séparer et se retrouver.    

Pourtant pour entretenir la complicité et l’intimité dans un couple il faudrait maintenir le contact et le peau à peau. Se toucher est un mode relationnel et de communication primordial qu’il faut chercher à cultiver. 

Le modèle de R. BASSON (2002) s’attachant à la compréhension du désir féminin, montre combien il est important dans la sexualité de la femme pour qu’elle advienne, qu’une intimité émotionnelle entre les partenaires et un lien de confiance soit établi. 

Parfois il arrive, suivant les histoires individuelles de chacun, que certaines personnes ne supportent pas de toucher ou d’être touché par l’autre. Leur peau n’est comme plus réceptive aux sensations agréables. C’est souvent consécutif à des carences sévères pendant l’enfance ou à des violences, et cela entraine une souffrance pour l’individu et son partenaire intime. Des thérapies, des soins, des approches corporelles, des massages également, seront indispensables à la restauration de leur sensation d’enveloppe à partir de laquelle ces personnes toléreront sans se crisper des éprouvés de contact.  

En résumé, le toucher, comme le goût, ou l’oreille peuvent s’affiner et s’éduquer jusqu’à devenir un sens indispensable, source de plaisir et de réconfort.  


Céci est un article de : Sexoblogue

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