Dysfonction sexuelle féminine : les médicaments en cause

Les effets indésirables de certains traitements sur la sexualité masculine sont bien connus (voir 6 médicaments impactant la sexualité masculine). Quid de la sexualité féminine ?

La perte de libido survenant chez les femmes est un des effets secondaires associés à certains médicaments. Par manque d’information, mais aussi par pudeur, beaucoup de patientes ne sollicitent jamais de soins pour améliorer leur libido et souffrent souvent d’un sentiment de culpabilité. Il arrive également que les médecins évitent d’aborder le sujet… parce que l’occasion d’en parler ne se présente pas, par crainte d’être suspectés d’indiscrétion voire de harcèlement, ou tout simplement par manque d’information. Si les connaissances sont en effet encore limitées, on sait néanmoins que certains types de médicaments peuvent interférer de façon négative sur fonction sexuelle des femmes. Voici un aperçu :

Les antidépresseur

Les troubles psychiatriques tels que la dépression et l’anxiété, mais aussi la fatigue, le stress et les conflits, sont des facteurs de risque de dysfonction sexuelle connus. Si le traitement antidépresseur permet d’améliorer la qualité de vie en réduisant ou en supprimant les signes cliniques et les symptômes, les stratégies thérapeutiques les plus utilisées dans la prise en charge de ces troubles peuvent entrainer une baisse de libido et retarder l’orgasme.

Mais tout n’est pas perdu. Les alternatives suivantes peuvent être envisagées :

  • réduction progressive de la dose du médicament tant que l’effet antidépresseur se maintient,
  • changement de traitement,
  • ajout de bupropion à la monothérapie en cours,
  • recours aux inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase (sildénénafil et autres) en cas d’orgasme retardé et en l’absence de contre-indication. En effet, les femmes peuvent également utiliser ce type de médicament pour améliorer leur libido.

Les antipsychotiques

La prise d’antipsychotique est associée à une dysfonction sexuelle, autant chez les hommes que chez les femmes. Ces médicaments inhibent la production de dopamine, qui agit sur la fonction sexuelle en tant que neuromodulateur, entraînant une réduction de la libido, de la lubrification vaginale et de l’orgasme. Les antipsychotiques peuvent aussi entrainer une hausse des niveaux de prolactine, provoquant alors une suppression de la fonction gonadique et par conséquent une altération de la fonction sexuelle.
L’une des options est de basculer vers des antipsychotiques de deuxième génération qui réduisent de manière significative ces effets secondaires. Le manque de lubrification est aussi un problème assez simple à contourner en optant pour des crèmes et des gels vaginaux.

Les antihypertenseurs

On ne sait pas encore très bien si la dysfonction sexuelle observée chez les hypertendues est causée par le traitement antihypertenseur ou par l’hypertension elle-même. Plusieurs études montrent que les femmes souffrant d’hypertension ont une sexualité plus souvent altérée que celles non hypertendues. Ces études indiquent par ailleurs qu’il n’y a pas de différence dans la dysfonction sexuelle entre les femmes traitées ou non par un antihypertenseur.
Néanmoins, l’antihypertenseur spironolactone peut réduire la libido et la lubrification vaginale, tandis que les bêtabloquants altèrent la fonction sexuelle de manière significative, chez les hommes comme chez les femmes.

Les contraceptifs

Quel gynécologue n’a jamais entendu une patiente se plaindre d’une baisse de libido après avoir commencé à prendre un contraceptif ? Sur le plan physiologique, les contraceptifs réduisent les niveaux de testostérone produite par les ovaires en supprimant la sécrétion d’hormone lutéinisante (LH). L’estrogène peut augmenter les taux de SHGB (la globuline liant les hormones sexuelles et responsable de leur transport), avec pour conséquence une baisse des concentrations en testostérone libre. Toutefois, il n’y a pas un niveau de preuve élevé pour affirmer que l’altération de la fonction sexuelle observée avec l’utilisation d’un contraceptif est causée par une baisse de l’activité androgénique.
Un contraceptif peut réduire ou non la libido, avec un effet variable selon les femmes et le mode de vie. Une dysfonction sexuelle peut aussi survenir chez les patientes ayant une relation amoureuse de longue date, des responsabilités élevées envers les enfants et la famille, une anxiété, un stress et un état de fatigue. A l’inverse, la libido peut augmenter lorsque les femmes sentent qu’elles peuvent être sexuellement actives sans risquer de tomber enceinte. Quoi qu’il en soit, il reste toujours possible de changer de contraception, en plus d’apporter les conseils nécessaires pour améliorer la libido et la qualité de vie des femmes.

Conclusion

Il est essentiel de discuter avec les patientes qui prennent ces traitements, et de ne pas hésiter à les interroger sur leur qualité de vie et leur sexualité. Il sera ainsi plus facile d’adapter le traitement, de contrôler les effets secondaires et d’obtenir une meilleure adhésion thérapeutique.


Ceci est un article de MedScape
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